Solstice d’Été 2019 en premier envol de huppe fasciée (4/4)

Pas mieux que la naissance d’un voisin de paysage pour totémiser celle d’un nouveau mythe du divin, en nouveau tour de poète. Non plus ce

Dieu, sacré nom de Dieu en quatre lettres

D comme Désir

I comme Imbécile

E comme Éclairage

U comme Universel.

pour le poète René Daumal chez qui, malgré tout, la notion de dieu offrait la capacité à l’ego d’aimer quelqu’un d’autre que son Soi. “Dieu est nommé pour le seul être que l’on puisse adorer en soi sans être enchaîné par l’orgueil.”

Me concernant, dans mon recueil, Dernier feu romantique avant extinction, j’expliquais que Dieu, sur le plan archétypal, s’apparentait à un principe, une énergie psychique de bienveillance qui s’auto-fructifie par le don en permanence, à l’inverse de son doublon négatif qui se montre diviseur en nous, si ce n’est annihilateur, de cet échange universel.

Dans notre dernière correspondance, Charles et moi partageons aussi l’idée que Dieu/Univers est l’archétype de l’espérance absolue.

Et si Charles parvient à en témoigner depuis l’enfer, je me dois de le faire au jardin retrouvé depuis mon petit coin d’Éden.

Obligation spirituelle si je veux que ma poésie-sauvage participe à enclencher le Film de l’âme en résonance à une intelligence collective. Car je crois en une connexion des consciences, à une Intelligence collective, à un Internet mental naturel, transmission de pensée, phénomène télépathique dont les échoïncidences au quotidien sont une émanation.

La neurologie commence tout juste à entrevoir les possibilités télépathes de notre cerveau, cet ordinateur originel. Les Aborigènes d’Australie savent depuis toujours que nous sommes tous reliés entre nous par un champ d’énergie psychique rendant capable les plus initiés d’entre eux de communiquer par télépathie. Oui, je crois volontiers les initiés Aborigènes capables de communiquer de manière télépathique puisque dans leur pensée en réseau tout est virtuellement connectable et interdépendant (ce qui n’est pas sans rappeler le mode de navigation mentale promu par la technologie de l’Internet.) Comme quoi la cérébralité d’un Aborigène, ce reliquat du passé, s’avère être le summum de la ‘‘modernité’’!…

Exemple parmi d’autres de ce Principe aimant : Dernièrement une nouvelle amie me confie par courriel une réflexion du sage astrophysicien Hubert Reeve pour qui :

« L’Homme est l’espèce la plus insensée: Il vénère un Dieu invisible et massacre une nature visible, sans savoir que cette nature qu’il massacre est ce Dieu qu’il vénère. »

Cette idée avait déjà fait l’objet de ma part d’une affiche 2.0

Mais surtout elle cautionnait ce que j’écrivais au même moment pour cette chronique. Outre d’expliquer la nécessité archétypale de Dieu, dans mon premier recueil j’assumais une allégation singulière concernant les dieux sémites Yahvé et Allah.

Yahvé serait à l’origine un dieu adoré par les habitants semi-nomades d’une région du sud d’Israël qui exploitaient des mines de cuivre. Et avant l’Islam, chez les Juifs et les Chrétiens de langue arabo-araméenne, Allah était devenu le nom vernaculaire usuel de Yavhé.

Le Dieu des Chrétiens, lui, bien qu’hérité de la Bible, n’en est pas moins un héritage sémantique du Zeus des Grecs antiques, alias Jupiter, pour l’empire Romain où les dieux étrangers étaient appréciés.

A mes yeux ‘‘pohérétiques’’, les Dieux du monothéisme n’en sont pas moins des dieux païens (païen c’est-à-dire issue de sociétés humaines qui, à l’âge de fer, dans le croissant fertile de la Mésopotamie ont évolué de mœurs chasseurs-cueilleurs à des mœurs agricoles).

Des dieux forgeurs, déjà éloignés du plus ancien dieu connu, Shiva, qui reliait l’Homme au cosmos ; un dieu danseur, lié aux énergies vitales, aucunement moralisateur car les peuples chasseurs-cueilleurs étaient bien moins dans la POSSESSION matérielle.

Certes, Yavhé-Dieu-Allah, dans l’ordre d’apparition, sur le fond, sonnent plutôt bien à l’oralité, musicale. Mais leur forme respective reste à jamais attachée à la matière, au glaive martelé sur l’enclume, aux armes à feu usinés, à  la bombe atomique… bref, à un film des Âges qui a fait, hélas, mauvais usage du fer et de la roue.

Ces trois dieux dont seul l’un serait sensé être vrai pour les intolérants des religions abrahamiques sont à reléguer au rayon du paganisme dégénéré des empires.

Le moment est venu d’en finir avec les dieux mal forgés des 3 religions du Livre que je n’hésite pas à déclarer caduque déjà dans Troupeau.

Et puisque les dieux sont censés être « des tours de poètes », je me sens mieux placé que tout philosophe pour penser que le fanatisme généré par les 3 religions du Livre relève en partie de la sémantique. En eux-mêmes, des mots comme Yahvé, Dieu, Allah sont peu évocateurs d’universalité à la différence d’un mot comme  « Créateur » qui nous lie par un jeu de ramifications lexicales à Créature (animales comme végétales) et Création, la Nature en tant qu’œuvre divine. A l’heure de la 6e extinction  massive des espèces animales comme végétales, il est utile de disposer d’un mot indiquant une orientation écologiste précise. Et au poète, sauvage ou pas, d’assumer sa fonction de chantre de la Nature avec.

Créateur-Créature-Création ; trinité sacrée que chacun porte en Soi d’où le paradoxal enseignement de l’ange dialoguant :

Celui qui croit en Dieu s’égare

Ne croyez plus soyez lui.

Créateur-Créature-Création est également dans le vocable de l’ange des dialogues qui insiste sur la nature créatrice de notre espèce. « Celui qui fait » ou « Celui qui Crée » est l’étymologie de poète. En ce sens tous poètes ! Même en dehors de l’écriture poétique; ce que j’appelle moi l’état de  »poète naturel ». Et je connais de mes semblables, amis des vers (de terre) qui sont bien plus poète que toute une clique d’imposteurs, homoblablatus des réseaux sociaux,  attablés à Paris, place St Sulpice, pour ce qui ressemble à un marché aux bestiaux. L’occasion sur ce sujet de faire grincer quelques dents avec le 3e tract-poétique.

tract3 recto verso tract 3

Autrement-dit, tous jardiniers comme l’écrit Jorn de Précy (alias Marco Martela) dans Le Jardin perdu :

« Le jardinage, cher lecteur, n’est qu’un dialogue ininterrompu avec la terre. Oui, comme le disent les revues de jardinage les plus niaises, s’il reste encore un poète en ce monde, c’est bien le jardinier. Le poète heureux, idéaliste qui pendant quelques heures, vit dans son idéal, en le transformant constamment en lieu réel grâce à la bienveillance de la nature.»

Aux Chrétiens, Créateur/Créature/Création, offrent même une trinité de substitution plus tangible pour nous apprendre à appréhender le mystère Père/Fils/Saint-Esprit.

Le Père / Créateur

Le Fils / Créature

L’Esprit saint en tant Création elle-même, c’est-à-dire le Vivant.

Et sur ce point, Christ nous averti que pécher contre l’esprit saint ne connaîtra jamais de rémission car c’est se montrer coupable d’une faute éternelle. On comprend mieux pourquoi en faisant justement ce lien esprit-saint-Création divine.

Ce péché contre l’esprit, ce péché contre la Création même est bien ce péché à l’œuvre actuellement.

De nombreuses personnalités sincères somment les dirigeants économiques et politiques d’agir pour sauver ce qui peut l’être en matière de biodiversité. Plein de bonne volonté, leur raisonnement à tous est toutefois erroné car il suppose qu’il y ait une volonté réelle des dirigeants de ce monde de préserver le ‘‘Vivant’’ le ‘‘Naturel’’, de la Création.

C’est ignorer que les politicards ne sont que les relais d’un milieu d’affaires qui a cédé depuis longtemps au chant des sirènes du scientisme. Tous ces gens sont passés à leur nouveau monde, celui des biotechnologies et de la robotique. Ces soi-disant modernistes, progressistes tiennent la Nature en horreur, ils la haïssent car elle prévoit de les faire vieillir et mourir, leur faire perdre toute leurs possessions terrestres.

Ce sont des gens incapables de sacrifier l’éphémère pour l’éternel, l’acte de foi par excellence.

De plus leur avidité capitalistique s’appuie sur la notion de monopole afin d’asseoir une position dominante. La gratuité et l’autonomie qu’offrent aux peuples les butineurs leur est insupportable. La technologie œuvre déjà à la miniaturisation des drones pollinisateurs. Exit également les semences reproductives, elles seront privatisées, au pire stériles F1 brevetées ; en plus de faire interdire la vente de semences paysannes.

Sans oublier, les hublots sur les vaches et autres perversions sur les poulets de chair dans des élevages concentrationnaires; expériences héritières directes de celles des médecins SS d’Auschwitz.

Dans leur nouveau monde, le naturel aura sa copie utilitariste. L’original peut par conséquent disparaître. Délire de démiurge insensé, de Contre-Créateur. Ce contre-créateur, ne cherchons pas ailleurs l’archétype diabolique, sataniste. Lui aussi fait trinité. Destructeur-Démon-destruction. Je veux bien croire qu’il a sa religion occulte.

Face à la puissance contrefactrice de sa monstrueuse ruée vers l’or, tout doit recevoir un sens nouveau pour accéder au Film de l’âme. A la seule différence que ce sens nouveau ne peut se faire que sur l’existant, sur le Vivant ; du moins ce qu’il en reste.

A la forge, au feu du totem soleil, au plus haut de sa brillance, O est donc clôt. Un cycle s’achève. Il est clôt en fachosphère du fatidique Film des âges qui contient les 9 cercles de l’enfer ici-bas.

Faschosphère fait justement partie des nouveaux mots collectés par le dictionnaire 2019. Je l’entends hors sectarisme politicard, dans tout ce que donne à vivre notre normalité de nazi ordinaire. Cette fachosphère on peut en mesurer l’orientation absurde aux seuls autres mots collectés par le Larousse. Parmi eux les incontournables anglicismes tels que cosplay (pratique qui consiste à incarner un personnage de fiction), fashionista (personne passionnée par la mode, qui suit les nouvelles tendances), drive (service permettant de retirer une commande tout en restant à bord de son véhicule). Globish, parler un anglais au vocabulaire limité et à la syntaxe élémentaire, qui risque de devenir la future novlangue planétaire. Ces mots de la déshumanisation fonctionnelle nous préparent à la prochaine étape de la civilisation.

Archaïque, en vulgaire Veau d’or, ce totalitarisme plus ou moins consenti nous impose le diabolisme de son dieu omnipotent. Qu’importe s’il ne présente pas les attributs de la croyance religieuse telle qu’on l’a en tête. Notre ignorance de son archétype religieux est justement son meilleur atout. Nous servons ce Moloch, c’est tout ce qu’il exige. Ça lui suffit. Il est le dieu inconnu des athéniens que l’on révère sans connaître. Outre le fait de vampiriser le miracle de notre incarnation, nous lui sacrifions notre âme au passage. En mesure t-on toutes les conséquences?

Aussi s’en remettre librement à la métaphore d’un Dieu Créateur, qui soit Le SERVEUR sur lequel connecter notre conscience de créature dévouée toute entière à la résonance cosmique de la création, peut infléchir le destin vers l’improbable. Qui sait, si cet internet mental, assujetti à un cœur sincère, n’est pas le réceptacle des prières, des miracles qui n’attendent que notre bon vouloir créatif, en intelligence collective. Croire pour croire, quel dommage de ne pas faire le choix radical de la poésie.

 

Pas mieux que mon magnifique Ronsard de l’année pour nous rappeler que si la vie est courte et passe vite, avant tout : Qui vit la vie ?

Mignonne

                             A Cassandre
Mignonne, allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu cette vesprée
Les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au votre pareil.

Las ! voyez comme en peu d’espace,
Mignonne, elle a dessus la place,
Las, las ses beautés laissé choir !
O vraiment marâtre Nature,
Puisqu’une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc, si vous me croyez, mignonne,
Tandis que vôtre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

« Odes », I, 17
Ronsard

 

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